Sur une idée entendue lors d’un podcast du Studio 404, j’ai écrit en avril 2015 ce texte, posté sur Scribay et enregistré sur Youtube :

Le piratage était devenu un fléau mettant en danger la stabilité du système économique mondial. Non pas le piratage d’infiltration perpétré par les hackers au sein de sites gouvernementaux. Ceci était plus ou moins sous contrôle. Mais le piratage de films, de chansons, de livres numériques, de jeux vidéo. On avait cru un temps que les offres de téléchargement légal, de VOD et autre plate-formes permettant d’obtenir du contenu à coût raisonnable auraient suffi. Et en effet le piratage de contenu “culturel” avait baissé un temps. Seulement pour revenir en force quelques années plus tard.

Les outils de traçage ne manquaient pourtant pas, les innombrables lois passées à la faveur des attaques terroristes ici et là avaient permis aux gouvernements de surveiller l’ensemble du trafic internet de manière transparente et légale. Simplement, les utilisateurs continuaient de pirater, même si certains d’entre eux écopaient parfois d’une amende. En fait, des collectifs s’étaient constitués, autour de plate-formes de crowdfunding, pour payer en commun les amendes infligées aux quelques individus se faisant attraper par la justice. Pour éviter que le nombre de personnes verbalisées soit trop élevé, ces mêmes collectifs avaient promu l’utilisation de tunnels VPN simples qui rendait leur repérage plus délicat et donc plus coûteux. De plus, des pirouettes juridiques permettaient à certains de s’en sortir en arguant que leur réseau wifi avait été piraté. Tout un arsenal logiciel et juridique avait été mis en place par les pirates pour faciliter ce genre de défense.

Chercher des preuves irréfutables mettant en cause un fraudeur coûtait donc de plus en plus cher. Il fut un temps envisagé de recourir aux peines de prison, mais une entreprise de diffusion de contenu proposa quelque chose de plus violent.

Si les gouvernements n’avaient pas toujours de preuve absolue concernant la culpabilité d’un utilisateur précis, ils avaient tout de même dans la plupart des cas de quoi soupçonner fortement un pirate. Un algorithme fut mis au point, nommé PYTH1E. Le but de ce programme était de déterminer les goûts d’un individu, voire de sa famille entière, en matière de films, de séries, de romans, etc.

Après quelques soupçons d’infraction, PYTH1E envoyait un mail officieux à la famille. Officieux car les preuves n’étaient alors pas nécessairement réunies pour obtenir gain de cause devant la justice. Ce mail pouvait donc avoir l’air d’un spam. Toujours est-il qu’il annonçait à l’utilisateur qu’il ferait bien d’arrêter ses pratiques de téléchargement illégal sous peu, sans quoi il le regretterait.

En cas de récidive, PYTH1E passait alors à l’étape suivante de son processus. Cette étape reposait sur des méthodes intrusives que les lois avaient désormais autorisé, et sur ces chevaux de Troie communs comme Dropbox et autres systèmes d’exploitation courants et bien contrôlés. L’Etat pouvait ainsi prendre le contrôle de certaines machines en temps réel. Ainsi, dans cette ultime phase de son plan, PYTH1E envoyait des “spoilers” dévoilant la suite de la série, la fin du roman en cours de lecture ou du film en cours de visionnage. Sous forme de fenêtre pop-up impossible à éviter à moins d’utiliser un OS libre et sain, ces spoilers avaient de quoi dégoûter le plus acharné des pirates en herbe.
En moins d’un an, le taux de piratage chuta de plus de 80%.

Bonjour chez vous !
Enkidoux

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